Nous

Bilan démographique de la France en 2015 (Sources INSEE)

28/01/2016 - 08:15

Les chiffres clefs

Population : 66,6 millions d’habitants

Métropole : 64,5 millions d’habitants

DOM : 2,1 millions d’habitants

 

247000 nouvelles personnes soit 0,4%

800000 naissances soit -19000

600000 décès soit +41000

Solde naturel : 200000

Solde migratoire : 47000

 

Fécondité 1,96 par femme

Age moyen à l’accouchement 30,4 ans

 

Espérance de vie :

-0,3 ans pour les hommes soit 78,9 ans

-0,4 ans pour les femmes soit 85,0 ans

 

Mariages entre personnes de sexe différent : 231000

Mariages entre personnes de même sexe : 8000

 

 

66,6 millions d'habitants en France au 31 décembre 2015

En fin d’année 2015 la France compte 66,6 millions d'habitants.

64,5 millions résident en métropole et 2,1 millions dans les cinq départements d'outre-mer.

La population a augmenté de 247 000 individus en 1 an.

Cette croissance est le résultat d’une part du solde naturel, la différence entre le nombre des décès et les naissances est effectivement de +200 000 personnes. Le solde migratoire est de +47 000 personnes.

Le solde naturel est le plus bas enregistré depuis 1976, année où le nombre de naissances était faible, marquant la fin du baby-boom.

Les naissances sont de nouveau moins nombreuses que les années précédentes, et les décès sont en augmentation sensible.

La France reste, au 1er janvier 2015, le deuxième pays le plus peuplé d'Europe, derrière l'Allemagne dont la population est de 81,2 millions d'habitants et devant le Royaume-Uni avec 64,8 millions d’habitants.

 

Le nombre de naissances fléchit  en 2015

800 000 bébés sont nés en France durant cette année 2015.

Le nombre de naissances a diminué de 19 000 par rapport à 2014 (- 2,3 %). Cette baisse débute dès la fin de l'année 2014 et concerne ensuite tous les mois de l'année 2015.

La natalité est globalement stable en France depuis la fin du baby-boom, oscillant autour de 800 000 naissances par an depuis les années 1980.

Le point bas est atteint en 1994 avec 741 000 nouveau-nés et le pic date de 2010 avec 833 000 bébés.

On compte par exemple à peu près le même nombre de naissances en 2015 (791 000) qu'en 2002 ou 2003 (793 000). La baisse du nombre des naissances s'explique par la diminution de la population féminine en âge de procréer et une baisse de la fécondité.

Le nombre de femmes en âge de procréer de 20 à 40 ans diminue régulièrement depuis 1995 : elles étaient 9,3 millions en 1995, 9,0 millions en 2000 et 8,5 millions en 2015.

La chute est conséquente, mais n’aurait rien d’alarmant selon les démographes spécialistes de la fécondité.

En revenant autour de 800.000 naissances par an, on revient à la moyenne sur 40 ans.

 

Baisse du quotient familial et réduction du congé parental

Pas de quoi s’affoler, certes, mais il ne faudrait pas que la chute se poursuive dans les années à venir. Il faut préserver ce taux de fécondité.

Ce tassement de la natalité n’est pas surprenant.

Depuis plusieurs années, Familles de France met en avant les atteintes à la politique familiale. La baisse du quotient familial et la réduction du congé parental depuis le 1er janvier 2015  sont les principales mesures dénoncées.

Les familles s’interrogent. La confiance est perdue !

Pourtant le désir d’enfant des Français est de 2,37 enfants par famille. Chiffre bien plus important que le nombre effectif d’enfants par femme.

 

Le chômage et l’insécurité responsables ?

Peut être plus encore qu’à cause d’une baisse du niveau de la politique familiale le  ralentissement peut s’expliquer par la situation des ménages pendant cette période de crise économique et d’insécurité.

Avoir plusieurs enfants demande une stabilité concernant les revenus, le logement, l’emploi, les revenus. Le pouvoir d’achat des familles n’est pas extensible, le choix d’une deuxième naissance serait de moins en moins évident. C’est inquiétant car un pays avec des enfants est un pays qui consomme et finance ses retraites et sa protection sociale. En période de chômage il y a presque systématiquement moins de naissances.

 

Le mariage source de fécondité

Une autre piste de réflexion est liée à la baisse du nombre de mariages depuis 1970. Les couples mariés ont plus d’enfants que les autres. Et quand les couples mariés sont moins nombreux, la fécondité baisse.

Enfin à moyen terme, le déficit de naissances peut s’expliquer aussi par la baisse du nombre de couples en âge d’avoir des enfants.

 

La fécondité reste élevée

La fécondité française reste stable et élevée, en comparaison à celle des autres pays européens. L'Irlande et la France sont, depuis 1999, les deux pays ayant  le taux de fécondité le plus haut.

En 2013, la France a un indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) de 1,99, l'Irlande de 1,96, la Suède de 1,89 et le Royaume-Uni de 1,83.

L'ICF français est cependant en léger recul en 2015, avec ses 1,96 enfants par femme, contre 2,00 en 2014.

Cette baisse de la fécondité provient des femmes de moins de 35 ans, celle des femmes plus âgées n'ayant pas varié.

Le taux de fécondité des femmes de moins de 30 ans continuent de baisser. Ceux des femmes de 30 à 34 ans se sont stabilisés entre 2009 et 2014 et ils continuent eux aussi de baisser en 2015.

L'âge moyen à la maternité poursuit sa hausse : il atteint 30,4 ans en 2015 contre 30,3 ans en 2014.

Les raisons de ce mouvement tardif sont sociologiques.

C'est la conjugaison de plusieurs facteurs : l'allongement de la durée des études, la progression de l'emploi féminin, le souhait croissant des femmes de ne mettre des enfants au monde qu'une fois installées dans la vie, avec des diplômes, un emploi stable, un logement et une vie de couple.

La diffusion de la contraception a aussi contribué au recul en réduisant la fréquence des grossesses non désirées, notamment aux âges jeunes.

La difficulté à concilier travail et famille joue un rôle.

Une autre raison accentue ce phénomène : la facilité des couples aujourd'hui à reconstruire un foyer après l'échec du premier ou même du deuxième. Il est en effet fréquent que les familles recomposées (qui sont quelque 2 millions aujourd'hui) donnent naissance à de nouvelles fratries, à un âge nécessairement repoussé. Selon l'Insee, 400 000 enfants sont nés après la recomposition familiale et 90 % des femmes de famille recomposée ont plus de 30 ans.

 

Le niveau de décès le plus fort depuis l'après-guerre

600 000 personnes sont décédées en France durant l’année 2015; il s'agit du niveau le plus élevé depuis l'après-guerre. Le nombre de décès a augmenté de 41 000 (+ 7,3 %) par rapport à 2014, alors que les deux années précédentes il était en recul.

Les taux de mortalité se sont accrus, particulièrement aux âges élevés. Cette hausse de la mortalité est liée principalement à des conditions épidémiologiques et météorologiques peu favorables.

Chaque mois, le nombre de décès en 2015 est supérieur à celui de 2014, avec trois épisodes de surmortalité.

Tout d'abord, les trois premiers mois de l'année 2015 ont été marqués par 24 000 décès supplémentaires par rapport à la même période en 2014. L'épisode grippal, long (9 semaines) et de forte intensité, a eu un impact relativement sévère chez les personnes de 65 ans ou plus. Le vaccin n'avait pas l’efficacité requise contre certains virus et la couverture vaccinale des personnes de plus de 65 ans a baissé. De plus, le virus majoritaire lors de cet épisode est connu pour avoir provoqué des complications chez les personnes fragiles.

Au mois de juillet 2015, caniculaire, 2 000 décès supplémentaires ont eu lieu par rapport à juillet 2014.

4 000 personnes supplémentaires sont décédées en octobre 2015 par rapport à octobre 2014, probablement en raison d’une vague de froid survenue au milieu du mois.

A ces raisons conjoncturelles s’ajoute une raison structurelle qui a tendance à faire augmenter le nombre des décès.

La population résidant en France continue de vieillir, avec l'avancée en âge des baby-boomers (nés entre 1946 et 1974). La part des 65 ans et plus, s'établit à 18,8% au 1er janvier 2016, contre 18,4% un an plus tôt

 

L’espérance de vie en baisse

Sous l’effet de ce surcroit de mortalité, l'espérance de vie à la naissance diminue de 0,3 an pour les hommes et de 0,4 an pour les femmes. Dans les conditions de mortalité de 2015, une femme vivrait en moyenne 85 ans et un homme 78,9 ans. Même si sur une longue période l'espérance de vie à la naissance s'accroît, des baisses ont déjà été observées par le passé. D'ampleur un peu plus limitée, elles n'avaient alors touché que les femmes (- 0,2 an en 2012 par exemple).

L'espérance de vie à 60 ans diminue également : en 2015, à cet âge, une femme peut espérer vivre encore en moyenne 27,3 ans contre 27,7 en 2014 et un homme 22,9 ans contre 23,1 en 2014.

En 2015, l'espérance de vie des femmes à la naissance est supérieure de 6,1 ans à celle des hommes. En 1946, cet écart était de plus de 5 ans. Il a crû tendanciellement durant 30 ans, pour atteindre plus de 8 années entre 1976 et 1995. Depuis cette date, il se réduit sous l'effet de gains d'espérance de vie masculine légèrement supérieurs aux gains féminins.

La légère hausse du taux de mortalité infantile en 2015 reste dans les limites de la fluctuation habituelle de cet indicateur. La mortalité infantile est en effet relativement stable depuis une quinzaine d'années, après avoir fortement diminué entre 1950 et 2000.

Au 1er janvier 2016, 18,8 % de la population, a 65 ans ou plus. Cette part a augmenté de 2,4 points en dix ans et de 3,7 points en vingt ans. La population continue de vieillir sous l'effet de l'avancée en âge des générations nombreuses du baby-boom.

 

La baisse des mariages reprend

En 2015, 239 000 mariages ont été célébrés en France. 231 000 l’ont été entre des personnes de sexe différent. 8 000 l’ont été entre des personnes de même sexe.

Le nombre global de mariages diminue du fait d'un nombre moindre de célébrations entre personnes de même sexe en 2015. Durant 2014, à l'inverse, les mariages de personnes de même sexe avaient plus que compensé la baisse du nombre de mariages de personnes de sexe différent. Ceci correspondant au « stock » de mariage à célébrer pour des personnes en attente de la loi Taubira.

Les mariages entre personnes de sexe différent baissent de manière quasi continue depuis 2000. Les mariages sont de plus en plus tardifs, puisque les âges moyens au mariage et au premier mariage progressent. Les générations récentes se marient moins que les précédentes.

À cela s'ajoute, depuis 2007, une baisse du nombre d'habitants de 20 à 59 ans, âges auxquels 95 % des mariages sont célébrés.

En 2013, année de la promulgation de la loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe, 41 % des couples étaient des couples de femmes. En 2015, cette proportion atteint 48 %.

Par ailleurs, l'âge des mariés de même sexe diminue. Les hommes qui se sont mariés en 2013 avaient 50 ans environ en moyenne ; on estime qu'ils en ont 45 en 2015. De même, les femmes avaient 43 ans en moyenne en 2013 et 40 ans en 2015.

Depuis 2011, le nombre de pactes civils de solidarité (Pacs) conclus entre personnes de sexe différent est reparti à la hausse pour atteindre 167 400 unions en 2014.

Après avoir atteint un pic en 2010, le nombre de Pacs entre personnes de même sexe a diminué pour atteindre un point bas en 2013 (6 000 Pacs), avant de remonter légèrement en 2014. 

Cet éloignement du mariage est une tendance de long terme. Les générations récentes se marient moins que les précédentes. Cela ne signifie pas pourtant qu’elles fuient les unions légales. Au contraire.

La pratique du mariage a tendance à baisser depuis les années 1970. Mais on observe que si on additionne le nombre de mariages et de Pacs, on est autour de 400 000 unions officielles, soit davantage que le nombre de mariages en 2000. Les couples souhaitant une reconnaissance officielle de leur union sont plus nombreux. Les Français ont à cœur de légitimer leur union et peuvent le faire aussi à travers le Pacs, forme plus souple et perçue comme moins inégalitaire.

 

Conclusions

Sans être encore très inquiétant, le bilan démographique de la France en 2015, appelle à être vigilant. La France a connu une forte période de croissance démographique dans les années qui ont suivi le dernier conflit mondial. Dans une confiance retrouvée par la paix qui régnait sur le territoire, associée à une forte croissance économique, les couples avaient de forts désirs d’enfant qu’ils concrétisaient.

La situation économique complexe, créant des désordres nombreux, les mesures défavorables au soutien de la collectivité aux familles, la situation géopolitique en dégradation avec des conséquences extrêmes dans notre pays créent une situation de perplexité, jouant sur la confiance des familles, qui hésitent à procréer. L’Etat doit prendre conscience de cette évolution plutôt défavorable, et qui à long terme, pourrait être néfaste à l’avenir économique de la France. Le développement démographique est l’un des facteurs clefs dans une nation pour qu’elle ne connaisse pas la stagnation, ou pire encore la récession économique.

Si l’on peut convenir que certaines des mesures de politiques familiales prises dans le cadre plus global de la politique sociale voulue par le gouvernement de l’après guerre ont besoin d’un dépoussiérage, on doit convenir aussi qu’elles ont eu leur efficacité. De ce fait nous devons pouvoir construire une nouvelle politique familiale mieux adaptée aux besoins des familles, tenant compte d’un environnement nouveau et changeant.

Les familles et leur capacité à apporter régulièrement de nouvelles forces à notre nation par le développement démographique, mais aussi par leur capacité consumériste, sont un atout majeur pour assurer à la fois la cohésion sociale dont nous avons besoin absolument et le développement économique, sans lequel la France s’engagera dans un mouvement de récession.

Familles de France souhaite être une force de proposition, participant à la création du lien social indispensable à notre collectivité, et participant à la construction d’une politique familiale efficace au service des familles vivant sur notre pays.

Patrick CHRETIEN

Président National

Familles de France