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Surendettement dans le Cher
L’accompagnement des personnes en surendettement est réalisé par le service consommation de la Fédération Départementale du Cher et la Banque de France.
Article paru dans Le Berry (mars 2013)
Qui et combien sont ces ménages du Cher plongés dans le surendettement à cause d’une mauvaise gestion, de changements de situation ou de la multiplication de crédits ? Éléments de réponse.
« Si ça marche beaucoup pour nous, c’est que ça va plutôt mal pour les ménages berrichons. Et pourtant, Dieu sait si on fait de la prévention… »
Présidente de la fédération du Cher de l’association Familles de France se proposant d’accompagner les personnes endettées, Monique Gueguen est aux premières loges pour constater qu’en 2012, dans le Cher, le surendettement a gagné du terrain. « Habituellement, une trentaine de dossiers parviennent jusque sur notre bureau, explique-t-elle. En 2012, ce chiffre est passé à une cinquantaine comme ça, d’un seul coup. »
Qui sont ces Berrichons surendettés ? Sont-ils jeunes ou âgés ? Au chômage ou salariés ? Seuls ou en couple ? Le crédit renouvelable représente-t-il la cause principale de ces délicates situations financières ?
Contactée, la Banque de France n’a pu être en mesure de donner des réponses à nos questions, nous renvoyant à l’enquête nationale et à ses conclusions (lire le Berry républicain, édition du 3 mars 2013). La succursale de Bourges a en revanche pu nous communiquer l’évolution chiffrée, entre 2011 et 2012, des dossiers parvenant à la commission de surendettement des particuliers.
Dans le Cher, en 2012, 1.420 dossiers ont été traités par les commissions contre 1.360 en 2011 (+ 4,41 %). Avec des destinées différentes : 1.260 ont été jugés recevables (1.220 en 2011) contre 102 irrecevables (81 en 2011). Et si les décisions d’orientation vers une procédure amiable sont en recul (939 en 2012 contre 1.016 en 2011), le nombre de procédure de rétablissement personnel avec ou sans liquidation judiciaire a explosé, passant de 222 en 2011 à 376 en 2012 (+ 69,37 %).
Mais qui se cache derrière cette succession de chiffres montrant les évolutions du surendettement dans le Cher ? Monique Gueguen fait parler son expérience et sa connaissance du terrain : « Le surendettement touche tout le monde, les hommes comme les femmes, mais sans doute un peu plus ces dernières qui, après une séparation, se retrouvent souvent avec un crédit leur retombant sur les bras. Le changement de situation familiale est l’une des grandes causes appelant un surendettement. On trouve aussi des personnes qui ont subi des accidents, des grandes maladies, de plus en plus de retraités qui vivent seuls, surtout des retraitées qui n’ayant pas travaillé de leur vie font avec la demi-retraite de leur mari décédé. »
Le surendettement dans le Cher ne fait pas de distinction de sexe, regroupe toutes les causes et touche une large palette sociale, toujours selon Monique Gueguen qui, avec Familles de France, aide à constituer les dossiers de déclaration de surendettement transmis à la Banque de France : « Propriétaires comme locataires sont touchés, chômeurs comme personnes ayant de bons revenus. Je pense à ce dossier déposé par une personne au salaire équivalent à deux fois et demie le Smic. Le problème, c’est que les gens veulent le dernier cri, le dernier meuble, la dernière technologie et tout de suite sans avoir les moyens. C’est pourtant pas bien compliqué de faire un tableau avec d’un côté les recettes et de l’autre les dépenses. Et puis il y a ces crédits renouvelables qui figurent dans la majorité des dossiers présentés. »
Pour mieux prévenir, la délégation du Cher de Familles de France multiplie les actions et sa présidente appelle de ses vœux un nouveau cadre législatif : « La loi Lagarde (qui depuis 2010 réglemente le crédit à la consommation, NDLR) avait fait du bien. Mais avec le temps, elle se montre moins efficace. Une nouvelle loi ferait le plus grand bien dans cette lutte contre le surendettement. »
Benjamin Gardel
